Défis contemporains de l’industrie de génériques au Brésil : développer et produire des génériques contre le VIH/sida et la tuberculose


Juliana Veras
Directeur : Maurice Cassier
Démarrage : 2010

Laboratoire CERMES3

Le Brésil a été érigé comme modèle dans sa réponse à l’épidémie de VIH/sida, notamment car celui-ci fut le premier pays du sud à entreprendre un programme de distribution universelle et gratuite d’antirétroviraux pour sa population. Le succès de cette politique de santé publique, qui garanti le droit à l’accès au traitement pour tous, est notamment attribué à la production de antirétroviraux génériques par les laboratoires publics et privés brésiliens.

Jusqu’au milieu des années 1990, alors que les médicaments étaient exemptés de l’appropriation par brevet, la production de médicaments génériques à partir de la copie et du reverse engineering de molécules brevetés fut une pratique légale dans le pays. Ce n’a été qu’à partir de l’adhésion du Brésil aux accords sur les ADPIC en 1994, que le pays a réformé sa loi de propriété intellectuelle passant à reconnaître les brevets sur les médicaments.

Si, dans un premier moment, les antirétroviraux de première ligne ont pu être librement copiés par les laboratoires publics et privés brésiliens, l’enjeu majeur posé aujourd’hui pour la soutenabilité du programme VIH/sida brésilien concerne les antirétroviraux de seconde ligne, brevetés et plus couteux. La question centrale de notre recherche entend comprendre comment le Brésil fabrique aujourd’hui des antirétroviraux de seconde ligne génériques de qualité à fin de satisfaire aux nécessités de son programme d’accès universel et gratuit aux traitements contre VIH/sida.

Nous suivrons les trajectoires de quelques antirétroviraux de seconde ligne considérés essentiels pour le programme sida brésilien en accompagnant les développements récents de la politique industrielle brésilienne ainsi que les conflits instaurés, notamment par les associations de lutte contre le sida, autour de la propriété intellectuelle de ces molécules. Ces transformations concernent non seulement la constitution de partenariats publics privés orchestrés par le Ministère de la Santé, mais aussi la facilitation des circulations et des échanges entre l’industrie et l’université. Alors que le débat sur la qualité des médicaments génériques devient un enjeu majeur de cette politique, nous accompagnerons également les échanges entre le Ministère de la Santé, l’agence brésilienne du médicament – ANVISA – et les laboratoires pharmaceutiques.

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