Directeur : Dominique Pestre
Soutenance : 2011
Résumé
La science, tout à la fois pure et appliquée, advient en remplacement de l’ancienne philosophie naturelle, à l’heure où se déploient en France les prémices de la seconde industrialisation. Le prestige de la science nouvelle se diffuse par des voies divergentes : les expositions universelles, la libre-pensée, la vulgarisation, les beaux-arts, l’enseignement, la législation technique… Cette réorganisation théorique et pratique de la connaissance s’effectue en lien extrêmement étroit avec les structures de l’industrie : les scientifiques proposent désormais, à partir d’études circonstanciées des savoir-faire artisanaux, des procédures reproductibles permettant d’assurer la bonne marche de la production.
Parée de toutes les vertus, l’institution science verrouille idéologiquement toute possibilité d’inflexion du modèle progressiste qui fonde la IIIe République et selon lequel toute opposition aux transformations environnementales, technologiques et sociales en cours est dangereuse politiquement car passible d’une volonté réactionnaire d’un retour en arrière. Les résistances profanes à la science devenue sacrée sont alors exclues du champ politique car jugées erronées, tout comme le sont les opinions des religieux qui imaginaient pouvoir opposer la Bible à Galilée.
L’important n’est alors pas d’essayer de définir épistémologiquement la science, mais bien davantage d’assumer le fait que cette institution est par essence contradictoire en elle-même (puisque issue d’un compromis au sein du social) : toute tentative visant à la théoriser en tant que concept unifié et anhistorique ne fait que rejouer les enjeux propres aux circonstances qui l’ont vu naître.