Cher.e.s collègues
Nous vivons une situation historique et macabre.
Il est difficile d’ajouter des textes à d’autres textes sans être emporté par le sentiment d’une vacuité de tout propos face à la mort et face au courage des soignants et de tous ceux exposés dans leur vie pour que certaines fonctions dites essentielles permettent à d’autres de confiner. Espérons que vous-même et vos proches et amis ont pu éviter le pire.
Le virus ne connaît ni frontières ni classes sociales mais la distribution de son pouvoir pathogène et sa virulence oui. Depuis plusieurs semaines, les formes-états procèdent à la mise en place hésitante de cadres de gestion sanitaire et sécuritaires pour freiner la pandémie ; les mesures sont autant prises pour gérer la progression de l’épidémie que la pénurie avouée d’un manque de moyens humains et techniques. La communication tout comme sa critique font alors partie de l’ubris de la crise. Plus personne n’échappe à la révision de l’Avant; à la chronique de la vie pendant et à devoir penser la vie de l’après. Nous avons fait l’expérience collective de vies humaines gâchées et d’une situation de sécurité sanitaire difficile, mais ce qui viendra avec le déconfinement sera encore différent et tout aussi difficile car fondamentalement discrétionnaire et policier. C’est à envisager, sans compter d’éventuels « rebonds » de l’épidémie toujours possibles. Le « vivre avec » ne sera pas des plus facile mais ne sera pas fondé sur une immunité de troupeau.
Dans ce contexte, vous avez vu passer l’annonce répétée du maintien possible de l’Ecole Thématique prévue pour la mi-juin. Elle a pu vous paraître étrangement volontariste et contre-intuitive en situation de crise. Comme indiquée dans le texte d’annonce elle supposait un déconfinement pour juin et la possibilité d’organiser des mobilités sous couvert des autorisations administratives nécessaires. La maintenir, notamment avec son thème, semblait pertinent pour poursuivre nos travaux, nos réflexions et ne pas abandonner le travail engagé avant la décision de confinement. C’était aussi engendrer une préparation de chacun.e à cette école dans son propre confinement.
Sans entrer dans des considérations épidémiologiques immaîtrisées ou dans le travail critique qui est déjà à l’œuvre, mais surtout mis face aux décisions portées par le président de la république, il est devenu impossible de maintenir cette Ecole Thématique comme envisagée. Difficile de gérer l’incertitude des modalités du déconfinement et des règles de fonctionnement de nos établissements que nous ne connaissons pas encore. Difficile aussi de préparer des déplacement, de poursuivre des engagements financiers avec des prestataires et surtout d’appeler au cycle de préparation des communications attendues des doctorant.e.s et de les mobiliser dans cette incertitude.
Le comité de direction de l’IFRIS s’est réuni ce vendredi 10 avril pour en discuter et étudier les options possibles entre maintien, report et annulation. La direction de l’IFRIS a décidé d’annuler la tenue de l’ET prévue à Saint-Malo du 16 au 19 juin. La repousser à la rentrée n’est pas non plus une option, eu égard la difficulté que présentera un agenda de rentrée qui sera encore plus chargé qu’à l’accoutumée, sans compter la nécessité de repositionner toutes les activités collectives de nombreux projets de recherche qui auront été mis en sommeil plusieurs mois.
Pour autant que l’Ecole Thématique ne puisse se tenir cette année dans son format habituel, l’IFRIS est en réflexion pour proposer des animations scientifiques sur la thématique de l’Ecole durant les prochains mois, en donnant toute la place que les recherche en SHS sur le Covid méritent. Les doctorant.e.s et toute la communauté de recherche de l’IFRIS en seront informés. Il est en effet important de fédérer les travaux réflexifs, compréhensifs et/ou critiques qu’appellent tout particulièrement nos propres orientations scientifiques dans cette situation historique de pandémie.
Courage dans votre confinement
Marc Barbier
Directeur de l’IFRIS