Séminaire « Du sol à l’assiette II : histoire environnementale des transformations de l’agriculture européenne au XXe siècle », le 10/11/2021 à 15h
Coanimé par Marin Coudreau, Postdoctorant dans le projet EnviroHealth (ANR-DFG), membre du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CNRS-EHESS) : marincoudreau@gmail.com
Marc Elie, Chargé de recherche au CNRS, Centre d’études des mondes russe, caucasien et centreeuropéen : marc.elie@cercec.cnrs.fr
Margot Lyautey, Doctorante en histoire à l’EHESS, Centre Alexandre-Koyré: mlyautey@gmail.com , Céline Pessis, Postdoctorante en histoire à l’IFRIS (INRAE-LISIS-Univ. Gustave Eiffel) : celine.pessis@neuf.fr
Horaire et lieu
Le 2e mercredi du mois, l de 15 h à 18 h soit 8 séances de trois heures : du 13 octobre au 11 mai
dans le bâtiment de l’EHESS au campus Condorcet, salle A-515 (5e étage)
inscription obligatoire sur : https://participations.ehess.fr/demandes/__nouvelle__?seminaire=916
lectures disponibles sur Moodle : https://moodle.ehess.fr/
Évaluation : Pas de rendu final !
Contrôle continu : En préparation de chacune de quatre séances de votre choix sur
les huit que comporte le séminaire, vous présenterez en deux pages maximum l’intérêt,
les enjeux et les limites des deux textes proposés. Déposez sur Moodle ou envoyeznous votre texte par courriel au plus tard le dimanche précédent chaque séance avant
18 h. De plus, deux participant·e·s présentent les textes à chaque séance.
Argument :
Les agricultures européennes ont connu des bouleversements très profonds au
XXe siècle : spécialisation et concentration d’un nombre toujours plus faible d’exploitants
travaillant des surfaces et des cheptels toujours plus grands ; industrialisation
(machinisme, chimie, génie génétique) de tous les processus, de la sélection à la
transformation en passant par la production ; poids toujours croissant de l’expertise
agronomique, commerciale, assurantielle et bancaire extérieure à l’exploitation. De
même, les habitudes alimentaires ont drastiquement évolué, sous l’influence de l’industrie
alimentaire, vers une nourriture plus carnée, grasse et sucrée et toujours plus
transformée. Combattues par des mouvements politiques, des scientifiques, des
activistes et des associations de consommateurs, ces transformations n’ont pas éradiqué
de nombreuses pratiques agricoles et alimentaires alternatives, dont certaines ont donné
naissance à des filières économiques nouvelles.
Mais le XXe siècle européen est aussi celui des carences alimentaires et des famines.
Surproduction et privation, malbouffe et faim, modernisme et arriération ne se succèdent
pas seulement ; ils sont souvent concomitants, non seulement pendant les périodes de
guerre et de conflit du premier XXe siècle, mais aussi entre un Ouest d’abondance et un
Est de pénurie.
Ce séminaire propose d’étudier ces bouleversements et ces contradictions comme
affectant autant les corps, les organismes et les écosystèmes que les sociétés et
l’économie rurales. En prenant appui sur nos propres travaux et sur l’historiographie,
nous adoptons comme objets principaux d’enquête les sols, les organismes et les corps.
Ces choses environnantes et intimes, nous y accédons en historisant leur objectivation
dans des systèmes savoirs et leur modification par l’intervention technique : par exemple,
expertise agronomique et sélection variétale et animale, lutte contre les adventices et
développement de la chimie, nutritionnisme et industrie agroalimentaire.
L’Europe est prise dans son extension maximale, de l’Europe atlantique jusqu’aux portes
de l’Asie centrale, et dans ses extensions coloniales. Cette définition géographique large
fait dialoguer plusieurs aires culturelles par-delà le « rideau de fer ». Elle se décline dans
des contextes précis qui sont ceux de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni (et de
leurs empires), de l’Ukraine, de la Russie et du Kazakhstan. Cet enracinement dans des
terrains bien maîtrisés permet d’envisager sereinement la comparaison et l’étude des
circulations transnationales des modèles agraires et alimentaires