Accueillie par le Conseil Régional d’Ile-de-France, la conférence annuelle 2013 du DIM IS2-IT s’est tenue les 18 et 19 avril 2013, sur le thème L’irrésistible ascension du capitalisme académique?
Présentation
Quelques mois après les Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, l’objectif de ce colloque était de réunir chercheurs en sciences sociales, acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche et citoyens concernés pour débattre sur les enjeux des transformations structurelles qui sont en cours.
Création d’un marché de la connaissance et de l’enseignement, règne de l’excellence, précarisation des carrières, pilotage par les projets, emprise des méthodes managériales, remise en cause de l’autonomie professionnelle,… Ces thèmes font l’objet de débats récurrents et sont aujourd’hui associés à des réformes qui ont provoqué des mobilisations sans précédent.
Sur tous ces sujets, et sur la nature et la portée des transformations actuelles, que peuvent nous apprendre les recherches en sciences sociales ? Quels sont les enseignements des approches historiques ? Que peut-on apprendre de l’analyse des transformations du système académique dans d’autres pays ?
Plus fondamentalement, quels sont les enjeux de ces transformations ? Comment définir les valeurs « publiques » de la science et de l’enseignement supérieur ?
Prenant au sérieux ces transformations contemporaines, ce colloque a discuté la pertinence de la notion telles le « capitalisme académique » et leur capacité à éclairer de telles transformations. Certes, le tournant néo-libéral et la nouvelle économie de la connaissance ont conduit à positionner la contribution à la compétitivité économique parmi les objectifs prioritaires du système d’enseignement et de recherche. D’où le développement des brevets, y compris sur des connaissances de base, accompagné par diverses politiques visant à rapprocher recherche et industrie. Mais en même temps, l’enseignement supérieur s’est massifié, entraînant des changements dans le statut des enseignants-chercheurs, de nouveaux équilibres entre les disciplines et de nouvelles formes de stratification. Parallèlement, le monde académique a connu les transformations d’ensemble du système capitaliste, marquées par la montée du management, de la performance et de la flexibilité ainsi celles des nouveaux impératifs des systèmes démocratiques contemporains, audit, transparence, responsabilité.
Au total, les forces qui travaillent ce système sont diverses et ne pointent pas forcément dans la même direction. Il faut aussi compter sur la capacité d’adaptation des acteurs et la façon dont ils peuvent intégrer de nouvelles contraintes dans leurs jeux. Ainsi, l’expression « capitalisme académique » doit plutôt être prise comme un point de départ pour analyser les transformations contemporaines plutôt que comme une réalité uniforme.
Dans ce sens, ce colloque s’est organisé autour de quatre grands axes de questionnement :
1/ la construction des marchés de la connaissance
2/ les formes de gouvernance de la recherche et de l’enseignement supérieur
3/ les formes de valuation et d’évaluation des organisations, des activités et des production de la recherche et de l’enseignement supérieur
4/ les transformations de l’espace public de la recherche et le renouvellement du pacte entre science et société
Comité scientifique
Marc Barbier, Rémi Barré, Christophe Bonneuil, Olivier Borraz, Maurice Cassier, Ulrike Felt, Pierre-Benoit Joly, Morgan Jouvenet, Stéphanie Lacour, Antoine Latreille, Brice Laurent, Dominique Vinck
Présentations
- Conférence invitée du 18 avril : Martin Kenney, « Rethinking Academic Capitalism: Understanding the Commercialization of University Research«
- Session 2 : David Pontille et Didier Torny, « L’excellence au prisme de la manufacture bibliométrique«
- Session 3 : Ghislaine Filliatreau, « Les 3 marchés des classements internationaux«
- Conférence invitée du 19 avril : Christine Musselin,« Le jugement des pairs comme outil de management des universités«
- Session 4 : Julien Barrier, « Les nouvelles fragilités du travail scientue ? Politiqancement sur projet et recotions de la recherche académique«
- Session 4 : Catherine Paradeise, « Quel devenir pour la profession académique ?«
- Session 5 : David Flacher, « Faut-il (vraiment) augmenter les frais d’inscription à l’université ?«
- Session 6 : Rémi Barré, « Le nouveau pacte science – société entre dispositifs du capitalisme académique et mouvements sociaux«