Gouverner le « progrès » et ses dégâts (1810-2022). Histoire et sciences sociales à l’EHESS – Programmation 2022/2023

Les formes de gouvernement des rapports entre technosciences, environnement, industrie, risque et société, à l’œuvre depuis les deux derniers siècles, font apparaître des tensions majeures. Celles-ci sont de trois ordres. D’abord entre fait libéral (l’autonomie croissante des individus) et fait politique, entre phénomènes d’individualisation et nécessités de solutions collectives. Ensuite, entre logiques de marchés et logiques de régulation, entre liberté d’entreprendre et d’innover et importance des contrôles politiques. Enfin, entre bénéfices et dégâts du progrès, entre promesses sanitaires, environnementales et sociétales et leurs conséquences négatives. En d’autres termes, on observe une triple tension entre sociétés et individus, économie et politique, innovation et « précaution ».

Le but de ce séminaire est d’aborder ces questions à partir d’objets, de périodes et d’échelles différentes, de déplier, éclater ou approfondir nos catégories (controverses, risques, progrès, modernité réflexive, économicisation, co-production, résilience…), de considérer autant les espaces nationaux que les acteurs globaux et leurs modes de gouvernement, autant les savoirs, expertises et dispositifs de gouvernement mobilisés que les flux de matière, de capitaux, d’énergie, de marchandises, de déchets et toxiques effectivement déployés. Les séances croisent en général deux perspectives, l’une historienne, l’autre sur le contemporain. Nous visons à animer un collectif intellectuel croisant l’histoire des sciences et des techniques, les études sociales des sciences et STS, l’histoire de la santé et de la biomédecine, les études des risques et des régulations ainsi que l’histoire environnementale.

18 octobre 2022 (exceptionnellement en salle 3.08, Centre de colloques Campus Condorcet) : Politiques économiques de l’environnement

  • Stéphanie Barral (INRAE, LISIS), « Carbone et biodiversité : une sociologie de la compensation »
  • Alexandre Violle (IFRIS, CEMS), « Comment les banquiers centraux pensent le changement climatique ? La politique matérielle des stress tests climatiques en Europe »

Discutante : Sara Angeli Aguiton (CNRS, CAK)

15 novembre 2022 : Des masques et des virus : quelles (contre-)histoires des pandémies ?

  • Bruno Strasser (Université de Genève) : « L’invention de la médecine jetable : Gouverner la stérilité hospitalière 1940-1970 »
  • Charlotte Brives (CNRS, CED), « Face à l’antibiorésistance, une écologie politique des microbes »

Discutante : Anne Rasmussen (EHESS, CAK)

17 janvier 2023 : Des animaux au service du « progrès », entre expérimentation et commodification

  • Marion Thomas (Université de Strasbourg, SAGE), « Les animaux dans la science coloniale : le cas des chimpanzés de l’Institut Pasteur de Kindia, Guinée (1922-1965) »
  • Thibaut Serviant-Fine (Ceped), à confirmer

Discutante : Anne Rasmussen (EHESS, CAK)

21 février 2023 : Progrès pharmaceutique et risque reproductif entre médecine, genre, race et classe

  • Caroline Rusterholz (Graduate Institute Genève), « Depo-provera, autorité médicale, race et classe en Grande Bretagne (1970-1980) »
  • Jesse Olszynko-Gryn (Institut d’études avancées de Lyon, University of Strathclyde à Glasgow, « L’affaire Dépakine : communiquer sur le risque reproductif dans la France de l’après le thalidomide »

Discutante : Bibia Pavard (Panthéon-Assas Université, CARISM)

21 mars 2023 : De l’agriculture à la santé reproductive, les victimes en mouvement

  • Jean-Noël Jouzel (CNRS, CSO) et Giovani Prette (Université Paris 13, IRIS), « L’agriculture empoisonnée. La mobilisation des paysans victimes des pesticides »
  • Sezin Topçu (CNRS, CEMS), « Vers un féminisme victimiste ? Mobilisations et plaintes contre les maltraitances obstétricales en France »

Discutante : Janine Barbot (INSERM, CEMS)

18 avril 2023 : La mise en économie de la « misère du monde »

  • Axelle Brodiez-Dolino (CNRS, Centre Norbert-Elias), « Traiter la pauvreté, de 1945 à nos jours. Ce que les recompositions contemporaines des aides sociales publiques et privées nous disent de notre société »
  • Nassima Abdelghafour (IFRIS, CAK),  « Micropolitique de la pauvreté : la fragmentation épistémique et politique du monde par les essais contrôlés randomisés »

Discutant : Constantin Brissaud (ISPOLE, Université de Louvain-la-Neuve et IRISSO, Université Paris-Dauphine)

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