Scarlett Salman

Scarlett Salman

Poste

Maître de conférences

Institution de rattachement

Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (LISIS)

Scarlett Salman est maîtresse de conférences à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Elle a obtenu une bourse post-doctorale de l’IFRIS en novembre 2013 pour son projet de recherche intitulé “New risks” in occupational health? Thinking about “psychosocial risks” as a multifaceted sociotechnical innovation”.

Depuis la médiatisation de suicides au travail de salariés de grandes entreprises en France (Renault, France Télécom…) entre 2007 et 2009, la thématique des « risques psychosociaux » (RPS) au travail a explosé, interpellant les pouvoirs publics qui l’ont mise à l’agenda en urgence. La question de la santé mentale des travailleurs apparaît comme un enjeu majeur des pays anciennement industrialisés, érigé en problème de santé publique. Pour faire face à ce qui se construit comme de « nouveaux risques » qui seraient engendrés par les évolutions sociotechniques et organisationnelles du travail, les grandes entreprises se tournent, à la suite des pouvoirs publics et en partie sous leur pression, vers un marché de l’expertise en santé mentale au travail en plein essor. La prise en charge des risques psychosociaux constitue une innovation protéiforme et complexe : – technique, par les instruments de mesure sur lesquels elle s’appuie, – de service, par les prestations marchandes proposées, – organisationnelle, par les usages auxquels elle donne lieu en entreprise. C’est aussi une innovation institutionnelle, par les dispositifs juridiques qui l’encadrent, et conceptuelle, car elle cristallise une nouvelle manière de penser le travail et la santé.

Elle a soutenu, le 22 octobre 2013 à l’université Paris Ouest Nanterre, une thèse de doctorat en sociologie intitulée Une hygiène psychique au travail ? Genèse et usages du coaching en entreprise en France, sous la direction de François Vatin (IDHE).

Mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité.
Jury :

Ève CHIAPELLO – Directrice d’études à l’EHESS, CEMS-Institut Marcel Mauss (rapporteure)
Didier DEMAZIÈRE – Directeur de recherche CNRS, Centre de Sociologie des Organisations (rapporteur)
Nicolas DODIER – Directeur d’études à l’EHESS, Directeur de recherche INSERM (examinateur)
Catherine PARADEISE – Professeure des universités, Paris Est Marne-la-Vallée (présidente)
Olivier SCHWARTZ – Professeur des universités, Paris Descartes (examinateur)
François VATIN – Professeur des universités, Paris Ouest Nanterre (directeur).

La thèse de Scarlett Salman étudie, à travers le coaching en entreprise, l’essor d’une hygiène psychique au travail, entendue comme une norme d’attention accrue à la subjectivité des travailleurs et à leur comportement en public. L’enquête ethnographique, menée par observations, entretiens et questionnaires auprès de coachs, de gestionnaires des ressources humaines et de cadres coachés, permet d’analyser la genèse du coaching et ses usages. Apparu aux États-Unis dans les années 1980, le coaching est né de l’entrecroisement des savoirs entre psychosociologie et psychothérapie. Son institutionnalisation en France dans les années 1990-2000 est redevable de dispositifs publics mis en place dans un contexte de chômage, comme de l’action collective de consultants investis dans la création de ce segment. La nouvelle activité suscite des vocations auprès de consultants cherchant à étendre leurs activités et de cadres reconvertis après une rupture professionnelle, qui se font les défenseurs du « nouvel esprit du capitalisme ». Les effets de cette pratique en entreprise sont ambivalents. Elle participe d’une psychologisation des rapports de travail, qui renvoie l’explication des problèmes professionnels rencontrés par les cadres à leur personnalité et non à la nature de leur travail. Le coaching exerce ainsi une fonction « palliative ». Mais il aide aussi les cadres à surmonter les tensions professionnelles, ce qui permet de les garder mobilisés. Cette pratique est porteuse d’un paradoxe : à rebours du « nouvel esprit du capitalisme » au nom duquel il est promu, le coaching rappelle implicitement aux cadres l’importance des règles, de la planification et de l’ordre hiérarchique.

Lien vers « Gros plan sur la thèse de Scarlett Salman sur le coaching en entreprise », Sociologie économique, Carnet du RT 12 de l’Association française de sociologie
http://socioeco.hypotheses.org/892, mis en ligne le 11 avril 2013.

Thèmes de recherche

  • travail et carrières des cadres
  • transformations du capitalisme, néo-management, outils de gestion
  • psychologisation des rapports sociaux de travail
  • santé au travail ; santé mentale
  • sociologie économique des marchés et des groupes professionnels
  • formes d’emploi hybrides entre indépendance et salariat

Mots-clé : coaching en entreprise, cadres et managers, psychologisation des rapports sociaux, nouvel esprit du capitalisme, innovation, risques psychosociaux au travail, santé au travail, souffrance au travail, médecine du travail, psychosociologie, expertise.

Publications

Liste des publications de Scarlett Salman.

Cursus

Ancienne élève de l’École normale supérieure de Cachan
Agrégée de sciences économiques et sociales (2003)
Lectrice, Stanford University
DEA de sociologie, Magistère d’Humanités Modernes, Université Paris Ouest Nanterre/ENS de Cachan (2005)

Enseignements

2011-2013 :
A.T.E.R, Université Paris Est Créteil, UFR Sciences de l’éducation & Sciences Sociales
Cours Magistral d’Introduction à la Sociologie – L1 Education, travail, formation
Travaux Dirigés d’Introduction à la Sociologie – L1 Education, travail, formation

2005-2010 :
A.M.N puis A.T.E.R., Université Paris Ouest Nanterre La Défense, UFR Sciences Sociales et Administratives
Travaux Dirigés de Sociologie Quantitative – L3 de sociologie
Travaux Dirigés de Sociologie du Travail – L2 de sociologie
Atelier de Sociologie Générale approfondie – L3 de sociologie

Interventions en Master :
2014 Master 2 de Sociologie, Spécialité « Conseil et Accompagnement du Changement », Université Paris-Dauphine
2009 et 2010 Master 2 Recherche « Economie et Société » (Paris Ouest Nanterre) et Master 2 Recherche Enquêtes Terrains Théories (ENS)
2009 Executive Master de Sciences Po, « Sociologie de l’entreprise et stratégies de changement »
2007 Master Pro ATOGE « Sociologie des organisations », Paris Ouest Nanterre

2004-2009 :
Interrogatrice à l’oral (colles) en Sciences économiques en classes préparatoires aux écoles de commerce, 2e année, voie économie. Lycée Rodin et Ipesup (Paris).

2003-2004 :
Lectrice, Stanford University (Californie, États-Unis), Département d’études françaises.

Activités collectives de recherche

Membre du groupe de recherche MESURE, Fédération de recherche « Capitalisme(s) et Démocratie » – CNRS FR 2422 – Université Paris Ouest Nanterre, dirigée par François Eymard-Duvernay et François Vatin.

Membre du groupe de recherche de l’ANR INDEX « L’indépendance des experts et ses problèmes dans le champ de la santé publique : expertises en pratique et enjeux de communication » – CNRS, Groupe de Sociologie Politique Européenne, dirigé par Emmanuel Henry, MISHA, Strasbourg.

Membre de l’Association Française de Sociologie.

RT 1 (Sociologie des professions), RT 12 (Sociologie économique), RT 23 (Sociologie du travail et de l’activité), RT 30 (Sociologie de la gestion).

A télécharger

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